Simulations et trucages

Laurent Blanc (au premier plan) a été injustement expulsé lors de la demi-finale contre la Croatie et n'a pu disputer la finale de la Coupe du monde 1998.


Assurément, son nom est resté gravé dans la mémoire des supporters français. Slaven Bilic est en effet le simulateur "type" pour de nombreux amateurs de ballon rond.

Rappel des faits. En demi-finale de la Coupe du monde 1998, la France rencontre la Croatie. Dès le début de la deuxième mi-temps, les Rouge et Blanc marquent. Lilian Thuram inscrit ensuite deux buts somptueux. Résultat : la France mène 2-1. Mais la victoire reste incertaine. Les Bleus doivent se serrer les coudes devant des Croates bien déterminés à revenir au score. A la 74e minute, coup franc pour les Croates. Laurent Blanc défend sur Slaven Bilic... qui, tout à coup, se prend la tête dans les mains et s'écroule dans la surface, singeant une douleur insoutenable ! L'arbitre de la rencontre sort alors un carton rouge pour le défenseur français. Laurent Blanc, sauveur des Bleus lors du 8e de finale contre le Paraguay grâce à un but en or, est expulsé injustement pour une faute imaginaire.

A 10 contre 11, la France résiste et parvient finalement à tenir le score, synonyme de qualification en finale de la Coupe du monde. Cependant, en recevant ce carton rouge, Laurent Blanc est interdit de finale. Il devra se contenter de regarder le match de ses coéquipiers face au Brésil depuis les gradins. Cette non-participation à la victoire finale des Bleus (3-1) reste comme l'une de ses plus grosses déceptions en tant que joueur.

Slaven Bilic est désormais entraîneur de la sélection croate et "ambassadeur de bonne volonté" de l'Unicef, instance des Nations Unies qui défend les droits des enfants. Pourtant, on ne peut pas vraiment dire que Bilic soit un modèle pour les jeunes footballeurs !

Roberto Rojas invente "l'auto-blessure"


Simuler pour tenter d'obtenir un penalty, c'est courant chez les footballeurs. Roberto Rojas, lui, a été beaucoup plus inventif. Et franchement, on se demande encore comment le gardien chilien, véritable star dans son pays, a pu avoir une idée aussi tordue.

En 1990, lors d'un match de qualification pour la Coupe du monde entre le Brésil et le Chili, et alors que les Chiliens mènent 1-0, un fumigène est lancé à proximité du "Condor" Roberto Rojas. Celui-ci, le visage en sang, est porté hors du terrain. Ses coéquipiers refusent de reprendre le match, expliquant que la sécurité des joueurs n'est plus assurée.

Quelques jours après cet incident, les images vidéo montrent que le goal a en fait triché pour que le Chili gagne la rencontre sur tapis vert. On voit en effet Roberto Rojas s'entailler lui-même l'arcade sourcillière. Il avait caché une lame dans son gant. Preuve que l'acte était prémédité !

Face à cette escroquerie, la FIFA accorda la victoire au Brésil, exclut le Chili de compétitions officielles pendant plusieurs années et suspendit Roberto Rojas à vie.

Un imitateur
Roberto Rojas a donné des idées au gardien de but tunisien Chokri El Ouaer. Lors de la finale retour de la Ligue des champions d'Afrique, le 17 décembre 2000, il a prétendu avoir été blessé par un projectile lancé par un supporter ghanéen. Les médias ont repris l'image du gardien de but à terre, la tête ensanglantée. Mais l'arbitre-assistant et d'autres témoins ont ensuite affirmé que le joueur s'était fait lui-même cette blessure à l'aide d'un objet contondant, lancé des tribunes par un spectateur tunisien. Chokri El Ouaer souhaitait donner un avantage à son équipe. La Confédération Africaine de Football a condamné El Ouaer à un an de suspension.

Maradona met la main l'air de rien......



Autre simulation efficace : vous marquez un but litigieux (en vous aidant par exemple de la main...) mais vous levez les bras, vous sautez au cou de vos partenaires et vous criez de joie comme si le but était incontestable... L'arbitre n'y verra que du feu !

C'est le style "Maradona".
Coupe du monde 1986, 1/4 de finale Angleterre-Argentine. Alors que le score est de 0-0, Diego Maradona inscrit un but à la 51e minute. L'arbitre ne l'a pas vu mais c'est de la main que l'Argentin a marqué. Comme le joueur le reconnaîtra lui-même, il ne pouvait atteindre le ballon de la tête en raison de la grande taille du gardien anglais. Il a donc tendu le bras pour effleurer le ballon, qui a lobbé le goal. Il dira que c'était "la main de Dieu".
En 2005, dans le talk-show qu'il anime sur une chaîne de télévision argentine, "El Pibe de Oro" raconte : "J'attendais que mes coéquipiers viennent m'embrasser et personne n'est venu. Je leur ai dit : venez me prendre dans vos bras ou l'arbitre ne va pas valider le but". Comme ses partenaires ont ensuite superbement simulé, la ruse de Maradona a fonctionné.
L'Argentine finira par remporter le match 2-1, grâce à un magnifique 2e but de Maradona (sans ambiguïté celui-là), élu "Plus beau but de l'histoire de la Coupe du monde" par la FIFA. L'Argentin a dribblé 9 joueurs anglais et parcouru la moitié du terrain ballon au pied avant de marquer.

Jürgen Klinsmann, expert en vol plané
Son surnom lorsqu'il a joué à Tottenham ? "Le roi du plongeon".
Pas étonnant donc qu'une page de ce dossier soit consacrée à Jürgen Klinsmann.

L'avant-centre allemand a notamment montré son talent de comédien lors de la Coupe du monde 1990. En finale, la Mannschaft rencontre l'Argentine de Maradona. A la 60e minute du match, alors que le score est de 0-0, Jürgen Klinsmann s'empare du ballon sur le côté droit. Il tente de passer le défenseur Pedro Monzón, entré en jeu 15 minutes plus tôt. L'Argentin met sa jambe en opposition, un peu trop haut, donc de façon discutable. Mais de toute façon, avant même qu'il ne touche l'Allemand, celui-ci saute par-dessus Monzón, réalise trois roulades puis une espèce d'ondulation de serpent ou de ver de terre. Très théâtral mais peu crédible. D'autant plus que Klinsmann se tient ensuite la tête entre les mains, comme s'il avait été touché au visage.
Pourtant, cela persuade l'arbitre d'expulser Pedro Monzón. Les Allemands finiront par s'imposer grâce à un penalty à 85e minute (1-0) et remporteront cette édition de la Coupe du monde, qui se déroulait en Italie.

La simulation de Klinsmann est d'autant plus notable qu'elle a occasionné la première expulsion d'un joueur en finale d'un Mondial. Pedro Monzón a été le premier exclu, rapidement suivi par son équipier Gustavo Dezotti dans le même match ! D'autres joueurs ont été expulsés au cours des finales suivantes : Marcel Desailly en 1998 et Zinedine Zidane en 2006.


Autre simulation notable de l'Allemand lors d'une demi-finale européenne opposant son équipe de Monaco à celle du Milan AC. Klismann s'était écroulé sur le terrain, ayant l'air à l'agonie à cause d'un tacle un peu haut du défenseur Costacurta. Mais les images télévisées montreront que le défenseur italien ne l'avait même pas touché.

Carlos Bilardo empoisonne les adversaires

Carlos Bilardo est un personnage haut en couleurs. Très superstitieux, l'Argentin a parfois eu recours à des stratagèmes pas très honnêtes pour gagner. Les journalistes argentins aiment raconter que, plus jeune, le joueur Bilardo piquait ses adversaires discrètement avec une aiguille pour les gêner ! Il simulait ensuite un air innocent pour s'exonérer de sa faute*...

Pire encore : le sélectionneur Bilardo aurait tenté de droguer des joueurs brésiliens lors du 8e de finale de la Coupe du monde 1990, remporté par l'Argentine (1-0).

C'est Diego Maradona (encore lui !) qui a lancé la polémique en décembre 2004, en laissant entendre au cours d'une émission télévisée qu'un somnifère avait été introduit dans une bouteille destinée aux joueurs brésiliens. En janvier, dans le magazine "Veintitres", Carlos Bilardo reconnaissait implicitement la tricherie : "Je ne sais pas, je ne sais pas. Je ne dis pas que cela ne s'est pas passé".

La polémique a redoublé les jours suivants avec les déclarations de Branco, joueur brésilien de l'époque. Celui-ci a déclaré avoir eu des "vertiges" après avoir bu dans une bouteille que lui avait tendu un membre de la délégation argentine. "L'eau avait un goût bizarre. J'ai eu des hallucinations, ma tête tournait. J'ai eu beaucoup de mal à jouer normalement par la suite", a déclaré Branco. Il assure aussi que 2 ans après ce fameux match, le défenseur argentin Oscar Ruggeri lui avouait que la bouteille était destinée à l'ensemble des Brésiliens, que le staff argentin espérait que Branco passe le breuvage à ses coéquipiers...



Face à l'ampleur de la gronde (le Brésil réclamait l'annulation du titre de champion du monde des Argentins), Bilardo s'est rétracté, assurant que le journaliste de "Veintitres" avait mal interprété ses propos.
Depuis novembre 2008, Bilardo est manager général des équipes d'Argentine.




* Source : Le Monde diplomatique, "Au football, la triche paye